Un rejet souvent silencieux mais douloureux
Dans les sociétés où la différence est encore taboue, le rejet ne se manifeste pas toujours par des mots, mais par des silences, des regards fuyants, ou des comportements d’évitement. Au Maroc, bien que les mentalités évoluent, beaucoup de familles témoignent encore d’un isolement social, parfois au sein même de leur quartier, de leur école, voire de leur famille élargie.
Ce rejet social, qu’il soit manifeste ou implicite, a un impact profond sur le bien-être psychologique :
Chez les enfants, il peut provoquer une perte de confiance en soi, des troubles anxieux, de la tristesse, voire du repli social.
Chez les parents, notamment les mères souvent en première ligne, ce rejet peut engendrer culpabilité, solitude, fatigue émotionnelle, voire détresse psychologique.
Chez les adolescents ou adultes en situation de handicap, il peut mener à l’auto-stigmatisation, à la dépression ou à des troubles identitaires.
Le poids de la stigmatisation sociale
Ce regard de l’autre, chargé de jugement ou d’ignorance, est souvent renforcé par des croyances sociales ancrées :
« Il est comme ça parce que c’est une punition divine. »,
« C’est mieux de le cacher, les gens ne comprendront pas. »,
« Il ne pourra jamais apprendre, à quoi bon l’envoyer à l’école ? »
Ces phrases, encore entendues aujourd’hui , traduisent le manque de sensibilisation et l’absence de compréhension du handicap dans certaines communautés. Elles nourrissent la stigmatisation et empêchent l’inclusion.
Être perçu comme différent dans une société peu sensibilisée au handicap, c’est souvent faire face à des regards insistants, à des remarques blessantes, à des attitudes de rejet. Cette stigmatisation, parfois subtile, parfois brutale, crée un climat de méfiance, voire de peur. Elle isole. Elle enferme. Elle nie à la personne sa pleine humanité. Ce rejet social n’est pas sans conséquence : il engendre des blessures psychologiques profondes, allant de la perte d’estime de soi à l’isolement, voire à la dépression.
Quand l’avenir se brouille
À force de vivre dans un environnement qui les marginalise, de nombreuses personnes en situation de handicap finissent par perdre espoir en l’avenir. L’absence de reconnaissance, les obstacles constants, les commentaires rabaissants : tout cela use et épuise . Certains abandonnent leurs études, convaincus qu’elles ne mèneront à rien ,d’autres cessent de croire qu’un jour, ils auront accès à un emploi, à une vie autonome, à la réalisation de leurs projets. La frustration née du rejet et de l’isolement sociale vient alors alimenter un cercle vicieux, où les rêves se taisent, et l’énergie de se battre s’efface lentement.
L’importance du regard bienveillant
Heureusement, tout regard ne rejette pas. Il y a aussi ceux qui accueillent, comprennent, encouragent, et ceux-là font toute la différence. Un enseignant qui adapte ses méthodes, un voisin qui intègre l’enfant dans les jeux, un médecin qui prend le temps d’expliquer… Chaque geste d’ouverture contribue à restaurer la dignité et à reconstruire l’estime de soi.
Le changement commence par des actions simples :
Écouter les personnes concernées sans juger.
Parler du handicap avec les enfants dès le plus jeune âge.
Remettre en question nos propres représentations.
👉Ce que chacun peut faire, à son niveau
Dans notre contexte marocain, il devient urgent de créer de véritables espaces de dialogue autour du handicap, de former les professionnels du terrain, d’impliquer activement les médias dans une représentation respectueuse et réaliste, et surtout, de soutenir les familles, trop souvent laissées à elles-mêmes.
Ces actions doivent s’appuyer sur les valeurs d’entraide, de dignité et de justice qui fondent notre culture et notre religion. L’éthique sociale et spirituelle propre au Maroc peut – et doit – devenir une force motrice pour bâtir une société plus inclusive.
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